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Une mode qui fleurit au XIXe siècle

Le massif du Tanneron constitue l’apothéose de ce voyage parfumé. Ici, une quinzaine de familles d’irréductibles, exploitant une centaine d’hectares de plantations abruptes, coupent chaque matin les branches droites et flexibles du petit vert, du mirandole, du rustica ou du gaulois. Enveloppés de feuillages d’eucalyptus bleutés, les bouquets de 150 g exportent dans le monde entier le soleil du Midi. Pompons presque blancs ou bouton-d’or, solitaires ou formant des grappes, feuilles entières ou découpées comme des plumes, troncs lisses ou épineux, la diversité des acacias est étonnante.

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À l’entrée de Bormes-les-Mimosas, la pépinière Cavatore rassemble la seule collection végétale spécialisée française qui leur soit dédiée. Après les avoir observés en pot, on s’amuse à les reconnaître en parcourant la venelle des Amoureux, la draille des Bredouilles (empruntée autrefois par les chasseurs malchanceux !) et les autres ruelles médiévales du vieux village.

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Tous ces hybrides descendent du mimosa sauvage arrivé au XIXe siècle sur les rivages de Méditerranée. Deux versions existent sur l’introduction de ce mimosa, de l’espèce Acacia dealbata, natif d’Australie.

Il aurait été rapporté en France en mars 1804, par les explorateurs participant à l’expédition du marin Nicolas Baudin, et acclimaté au château de la Malmaison, d’où il aurait été amené sur la Côte d’Azur.

 

 

Ou bien il serait arrivé à Cannes, depuis un jardin botanique d’Angleterre où James Cook aurait planté le premier pied. Quoi qu’il en soit, à la fin du XIXe siècle, ces chatons qui poudrent d’or les jardins de la belle société sont à la mode. Ils font merveille autour des somptueuses demeures construites par les aristocrates accompagnant tsars et têtes couronnées en villégiature.

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Sur la corniche des Maures, plongeant dans la discrète crique du Figuier, la grande villa du Domaine du Rayol témoigne de cette époque en vert et or. Depuis sa pergola, le regard balaie au loin les îles d’Hyères, s’attarde sur les camaïeux et les transparences de la Méditerranée qu’encadrent les pins parasols et les feuillages plus exotiques des belles envahisseuses, venues d’Afrique du Sud ou des Canaries. Car la nature volage du mimosa le  pousse à se conduire en sauvageon, remplaçant sans vergogne cistes, romarins, pistachiers lentisques et autres plantes endémiques. À la pointe du hameau de Cabasson, les gardes du fort de Brégançon, résidence  résidentielle désormais ouverte à la visite (à partir de mai pour les particuliers) surveillent son avance comme le lait sur le feu. Et les sept gardes de l’ONF dédiés à l’Estérel arrachent le moindre drageon poussant le long des  400 kilomètres de pistes quadrillant le massif. Sans leur vigilance, les pierriers, les pics et les blocs de rhyolite de l’Estérel seraient un peu moins rouges.

Mandelieu-la-Napoule, qui se revendique « capitale du mimosa », ne partage pas ces pudeurs. Le 20 février, comme chaque année, la Fête du mimosa y sera lancée dans la chapelle Notre- Dame des Mimosas, évidemment. Pour y participer, en venant de Saint-Raphaël, on peut emprunter l’ancienne N7 et faire halte au passage à la chapelle Notre-Dame de Jérusalem, dernière oeuvre de Jean Cocteau, elle aussi éclatante de jaune. La route du Mimosa officielle préfère longer les calanques cramoisies, plongeant dans l’eau émeraude, de la corniche d’Or.  Ne ratez pas, à Agay, les truffes de chocolat blanc, roulées dans de la poudre de mimosa, de la confiserie du Palet d’Or. Un délice ! Suave et miellée, la fragrance du mimosa a fait, avec celles de la rose, de la violette et du jasmin, les belles heures de Grasse.

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